La malédiction continue. Pour la troisième fois consécutive dans un tournoi majeur, l’équipe de France féminine s’incline aux tirs au but en phase finale. Samedi soir à Bâle, les Bleues ont été éliminées par l’Allemagne (1-1, 5-6 tab) en quart de finale de l’Euro 2025, malgré plus de 100 minutes passées en supériorité numérique. Une nouvelle désillusion qui confirme le blocage psychologique des Françaises dans les moments cruciaux.
Menées au score et réduites à dix dès la 13e minute après l’expulsion grotesque de Kathrin Hendrich pour un tirage de cheveux, les Allemandes ont pourtant réussi l’exploit de qualifier pour les demi-finales. Une leçon d’abnégation qui fait encore plus mal aux supporters français.
Le scénario inespéré qui tourne au cauchemar
Tout avait pourtant parfaitement commencé pour les Bleues. À la 13e minute, la défenseuse allemande Kathrin Hendrich commet l’irréparable : un tirage de cheveux complètement fou sur Griedge Mbock dans la surface de réparation. L’arbitre Tess Olofsson, alertée par la VAR, n’hésite pas : carton rouge direct et penalty pour la France.
Grace Geyoro ne tremble pas et transforme le penalty en force au milieu, malgré un contact de la gardienne Ann-Katrin Berger (15e). À cet instant, avec un homme en plus pendant plus de 75 minutes, tout semblait sourire aux Françaises. C’était sans compter sur la résistance héroïque des Allemandes.
L’égalisation qui change tout
La réaction allemande ne se fait pas attendre. Dix minutes plus tard, sur un corner parfaitement botté par Klara Bühl, Sjoeke Nüsken place une tête imparable au premier poteau qui vient se loger dans la lucarne opposée (25e). Un but qui change complètement la physionomie de la rencontre et redonne espoir à une équipe d’Allemagne très diminuée.
Cette égalisation met un coup de massue au moral français. Malgré la supériorité numérique, les Bleues peinent à créer du danger et se contentent souvent de ballons longs stériles dans les couloirs.
Les occasions manquées qui font mal
La France se procure pourtant plusieurs occasions nettes pour faire la différence. À la 40e minute, Delphine Cascarino réalise un bijou technique, une « madjer » somptueuse qui trompe Berger, mais l’arbitrage vidéo annule pour un hors-jeu au millimètre.
Plus cruel encore, à la 58e minute, Grace Geyoro trouve le chemin des filets sur un corner mal dégagé, mais là encore, la VAR intervient pour signaler un hors-jeu litigieux d’Élisa de Almeida qui gêne la gardienne sans toucher le ballon.
Le penalty raté qui symbolise l’impuissance
L’Allemagne aurait même pu tuer le suspense à la 68e minute. Sur un nouveau penalty, cette fois accordé aux Allemandes, Sjoeke Nüsken prend ses responsabilités. Mais Pauline Peyraud-Magnin réalise l’arrêt décisif en se détendant parfaitement sur sa droite.
Un arrêt qui maintient les espoirs français mais qui ne suffit pas à débloquer une équipe de France de plus en plus fébrile dans le dernier geste.
Berger, l’héroïne allemande des tirs au but
Après une prolongation stérile où aucune des deux équipes n’arrive à faire la différence, la séance de tirs au but devient inévitable. Et là, c’est le drame pour les Bleues. Ann-Katrin Berger, déjà brillante pendant le match, devient l’héroïne allemande en stoppant les tentatives d’Amel Majri et Alice Sombath.
La gardienne du Gotham FC (New York) réussit même l’exploit de transformer son propre tir au but avant d’offrir la qualification à son équipe sur l’échec français. Une performance XXL qui illustre parfaitement la différence de mental entre les deux équipes dans l’exercice.
Une série noire qui continue
Cette élimination aux tirs au but s’inscrit dans une série noire pour les Bleues. Après la Coupe du monde 2023 face à l’Australie et les Jeux olympiques de Paris 2024 contre le Brésil, c’est la troisième fois consécutive que l’équipe de France chute aux penalties dans un tournoi majeur.
Une statistique alarmante qui révèle un véritable blocage psychologique dans les moments décisifs. Comment expliquer qu’une équipe capable de battre l’Angleterre championne d’Europe (2-1) et de dominer les Pays-Bas (5-2) en phase de groupes se liquéfie face à une Allemagne réduite à dix ?
Laurent Bonadei pointé du doigt
Les choix tactiques de Laurent Bonadei interrogent également. Malgré la supériorité numérique, l’équipe de France n’a jamais réussi à imposer son jeu face à un bloc défensif allemand remarquablement organisé. Les changements tardifs et le manque de solutions offensives questionnent sur la capacité du sélectionneur à faire franchir un cap à son équipe.
« C’est très cruel, très difficile. On ne réalise pas, il y a beaucoup de déception et de frustration de sortir comme ça ce soir », confie Grace Geyoro au micro de TF1, résumant parfaitement l’état d’esprit d’une équipe de France qui n’arrive plus à passer les caps décisifs.
L’Allemagne file vers les demi-finales
Pour l’Allemagne, c’est un exploit retentissant. Privées de leur capitaine Giulia Gwinn (blessée) et de sa remplaçante Carlotta Wamser (suspendue), les coéquipières de Janina Minge ont livré un match héroïque digne des plus grandes pages de leur histoire.
Elles affronteront l’Espagne championne du monde mercredi en demi-finale, avec l’objectif de décrocher une 9e couronne européenne. Une qualification qui récompense un collectif soudé et un mental d’acier dans l’adversité.
