L’affaire Dembélé vire au conflit diplomatique. La blessure de l’attaquant parisien lors de France-Ukraine (2-0) vendredi soir a mis le feu aux poudres entre le PSG et l’Équipe de France. Paris accuse directement Didier Deschamps d’avoir fait fi de ses alertes médicales formelles concernant l’état physique de son joueur star. Une polémique qui dépasse largement le cadre sportif.
Trente minutes de cauchemar
Entré à la mi-temps pour pallier la blessure de Désiré Doué, Ousmane Dembélé n’aura tenu que trente minutes face à l’Ukraine. Sur une simple accélération à la 75e minute, l’ancien Barcelonais s’effondre brutalement, se tenant l’arrière de la cuisse droite. Le diagnostic tombe : lésion aux ischio-jambiers, la même zone touchée il y a trois mois contre l’Espagne et récemment à Toulouse.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
- 3 blessures identiques en 3 mois
- 53 matchs disputés cette saison
- Sortie prématurée contre Toulouse la semaine précédente
- Aucune véritable pré-saison cet été
Hugo Ekitike, appelé pour sa première sélection, remplace un Dembélé abattu qui quitte le stade en boitant. Les premières estimations évoquent plusieurs semaines d’absence, un coup dur majeur pour le candidat au Ballon d’Or.
« Complètement fou » : la colère froide du PSG
La réaction parisienne ne s’est pas fait attendre. Le club de la capitale révèle avoir expressément prévenu le staff médical des Bleus avant même le début du rassemblement qu’il ne fallait absolument pas faire jouer Dembélé. Une mise en garde totalement ignorée selon Paris.
« C’est complètement fou de l’avoir fait jouer », lâche l’entourage du PSG, qui qualifie cette gestion d’« irrespectueuse ». Les dirigeants parisiens pointent l’incohérence de la décision : pourquoi choisir Dembélé diminué plutôt qu’Hugo Ekitike, Marcus Thuram, Maghnes Akliouche ou Adrien Rabiot pour remplacer Doué ?
Deschamps campe sur ses positions
Face aux accusations, le sélectionneur national maintient sa ligne de défense : « J’étais sûr, autrement je ne le fais pas entrer. D’un point de vue médical, il n’y avait pas de problème ». Didier Deschamps assure que toutes les précautions avaient été prises et que le joueur se sentait apte.
Une version qui ne convainc pas le PSG, d’autant que la FFF invoque le règlement FIFA stipulant qu’un joueur convoqué en sélection est obligé de s’y rendre, même diminué. Un argument juridique qui agace profondément Paris.
Un calendrier explosé au pire moment
Cette blessure tombe comme un couperet sur la saison parisienne. Les examens médicaux suggèrent une lésion dépassant le grade 1, synonyme d’au moins un mois d’absence. Le timing est catastrophique pour Luis Enrique.
Les rendez-vous compromis :
- 17 septembre : PSG-Atalanta Bergame (Ligue des Champions)
- 21 septembre : OM-PSG au Vélodrome (Classique)
- Début octobre : FC Barcelone-PSG au Camp Nou
Privé de son meilleur atout offensif (35 buts, 16 passes décisives cette saison), le PSG aborde une série de matchs cruciaux avec les mains liées. L’impact sur les chances de Dembélé au Ballon d’Or est également considérable, les votes se clôturant la semaine prochaine.
Des relations déjà tendues qui virent au conflit ouvert
Cette affaire ravive des tensions récurrentes entre le PSG et les sélections nationales. En 2021, le club avait déjà protesté contre l’Argentine qui avait convoqué Lionel Messi et Leandro Paredes malgré leurs blessures. Leonardo, alors directeur sportif, avait dénoncé une situation « pas logique ».
Selon L’Équipe, les relations entre Luis Enrique et Didier Deschamps étaient déjà « frisquettes ». Cette nouvelle polémique risque d’envenimer durablement les rapports entre la rue de Londres et Clairefontaine, avec des répercussions potentielles sur la gestion future des internationaux parisiens.
Une spirale inquiétante
Au-delà de la polémique, cette troisième blessure aux ischio-jambiers en trois mois interroge sur l’état physique réel de Dembélé. À 28 ans, l’international français semble entrer dans une spirale de fragilité musculaire préoccupante, lui qui avait pourtant retrouvé une forme étincelante sous les ordres de Luis Enrique.
Cette affaire soulève également des questions fondamentales sur la surcharge du calendrier footballistique et la protection de la santé des joueurs. Le PSG, qui avait joué le jeu en alertant en amont, se retrouve aujourd’hui puni pour avoir respecté ses obligations. Un précédent qui pourrait faire jurisprudence dans les futures relations entre clubs et fédérations.
