L’Olympique Lyonnais entre dans une nouvelle ère. Ce lundi 30 juin 2025, Michele Kang a officiellement succédé à John Textor à la présidence du club rhodanien, devenant la première femme à diriger un club de Ligue 1. Une nomination historique qui intervient dans un moment critique, alors que l’OL doit faire appel de sa rétrogradation en Ligue 2 prononcée par la DNCG.
Une self-made woman milliardaire
Yongmee Michele Kang, 66 ans, incarne parfaitement le rêve américain. Née en 1959 à Séoul en Corée du Sud, elle a quitté son pays natal dans les années 1980 pour rejoindre les États-Unis avec pour seule ambition de réussir. Diplômée en économie de l’Université de Chicago puis titulaire d’un master en management de Yale, elle a bâti sa carrière étape par étape.
Sa fortune, estimée à 1,2 milliard de dollars par Forbes en 2025, elle la doit à Cognosante, une société de technologie médicale qu’elle a fondée en 2008 « dans la pièce vide au-dessus de son garage ». Sous sa direction, cette entreprise est devenue un partenaire de confiance des agences fédérales américaines de santé, employant près de 2000 personnes dans le monde entier.
Une pionnière du football féminin
Michele Kang s’est imposée comme une figure majeure du sport féminin mondial. En 2022, elle devient la première femme de couleur à posséder une équipe de la National Women’s Soccer League en rachetant le Washington Spirit, club champion en titre. Elle étend ensuite son empire avec l’acquisition des London City Lionesses en décembre 2023.
Avec l’OL Lyonnes (anciennement OL Féminin) qu’elle dirige depuis mai 2023, elle a créé Kynisca Sports International, la première organisation multi-clubs au monde dédiée exclusivement au football féminin. Son objectif affiché : « prouver que le sport féminin est un secteur porteur » et créer « une plateforme mondiale multiclubs ».
Une philanthrope engagée
Au-delà des affaires, Michele Kang se distingue par son engagement philanthropique. En 2024, elle a versé 30 millions de dollars à la Fédération américaine de football pour développer le football féminin, et 4 millions de dollars à l’équipe de rugby à 7 féminine des États-Unis.
Résolument féministe, elle milite pour l’émancipation du sport féminin et l’égalité des chances. « Je suis en mission pour prouver que le sport féminin est un secteur porteur », déclare-t-elle régulièrement dans ses interventions publiques.
Une gestionnaire reconnue
Ceux qui ont travaillé avec Michele Kang louent unanimement ses qualités managériales. Badou Sambagué, avocat spécialisé en droit du football, témoigne : « Michele est une très bonne personne. Elle est très professionnelle, très pragmatique. Elle délègue et travaille en équipe. Elle est capable de se positionner sur des sujets avec beaucoup de hauteur. »
Sa méthode ? L’écoute, le pragmatisme et la vision à long terme. « Elle n’avait pas prévu de prendre la direction d’un club masculin. Si elle le fait à Lyon, c’est vraiment qu’elle a senti qu’elle pouvait apporter quelque chose », souligne un proche du dossier.
Le défi lyonnais
Prendre les rênes de l’OL représente sans doute le plus grand défi de sa carrière. Épaulée par Michael Gerlinger comme directeur général, elle doit d’abord sauver le club de la relégation en dirigeant la procédure d’appel devant la DNCG.
« Nous entrons dans une période critique pour l’OL et je tiens à remercier John pour son engagement et sa vision », a-t-elle déclaré dans son premier communiqué. « Je me réjouis de travailler en étroite collaboration avec Michael, l’équipe de direction de l’OL et le Conseil d’administration. »
Une révolution en marche
L’arrivée de Michele Kang marque un tournant dans l’histoire de l’OL. Grégory Doucet, maire de Lyon, salue « une dirigeante déterminée et compétente, à la hauteur du défi qui se dresse devant le club ». Bruno Bernard, président de la Métropole, y voit « une interlocutrice sérieuse et crédible pour les instances du football et les créanciers ».
Avec ses méthodes éprouvées, sa solidité financière et sa vision stratégique, Michele Kang incarne l’espoir d’un nouveau départ pour l’Olympique Lyonnais. Reste désormais à prouver que cette femme d’exception peut transformer son succès dans le football féminin en réussite pour sauver un géant du football français en perdition.
Son passé de battante qui a surmonté un cancer du sein il y a vingt ans et bâti un empire technologique plaide en sa faveur. À Lyon, tous les regards sont désormais tournés vers cette « queen » américaine qui pourrait bien redonner ses lettres de noblesse au club aux sept étoiles.
